Les légendes mystérieuses du Portugal

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Les légendes mystérieuses du Portugal

Quelles sont les légendes qui façonnent l’histoire du peuple portugais? De génération en génération, des récits se content et se transmettent. Ces récits mettent en scène des héros chevaleresques, des sorcières, des Maures ensorcelés, des créature mythologiques, ainsi que des rois et reines.

Mais quelles parts de vérités se cachent derrière ces histoires? Le passé se mêle-t-il au mythe. Plus que de simples récits, ces légendes sont un miroir de l’histoire et des croyances du Portugal.


La Princesse Perdue de Moura Encantada

Issue du folklore portugais, la figure de la Princesse Perdue de Moura Encantada est un thème récurrent, ancré dans l'époque de l'occupation musulmane et de la Reconquista chrétienne.

Il était une fois, dans les terres chaudes et dorées du sud du Portugal, de jeunes princesses maures d’une beauté envoûtante, filles uniques de seigneurs régnant sur des châteaux.

Château des Maures à Sintra

Lorsque les armées chrétiennes s’approchèrent pour reprendre les terres, les seigneurs enchantèrent leurs filles afin de protéger les trésors du royaume. Transformées en créatures surnaturelles, elles sont liées à des lieux chargés de mystère – ruines, grottes, fontaines ou collines isolées – où elles apparaissent parfois sous les traits de fées, de sirènes ou de femmes lumineuses peignant leurs longs cheveux d’or.

Lieu d'apparition de la Moura Encantada

Ni tout à fait humaines, ni tout à fait esprits, elles devinrent la "Moura Encantada", une dame enchantée. Condamnées à errer hors du temps, elles attendent un homme au cœur pur et au courage exceptionnel, capable d’accomplir une épreuve ou un acte de foi pour lever le sortilège.

Moura Encantada - Crédit Portugal Num Mappa

La "princesse perdue" est une figure à la fois poétique et tragique, symbole d’un passé révolu, d’une culture disparue, et d’un enchantement suspendu entre deux mondes. À travers elle, le Portugal conserve les échos mélancoliques de son histoire mêlée, entre Orient et Occident, entre mythe et réalité.


Le Fantôme de la Reine Inês de Castro 

Il était une fois, une jeune dame de compagnie à la cour du Portugal, du nom d’Inês de Castro. Le prince héritier, Dom Pedro, tomba éperdument amoureux d’elle. Leur amour était profond, sincère, brûlant comme le soleil sur les pierres du monastère.

Dom Pedro & Înes de Castro

Mais le roi, Dom Afonso IV, redoutait cette union. Il craignait que le sang castillan d’Inês ne fasse basculer les équilibres du royaume. Un matin de 1355, Inês fut assassinée.

L’histoire raconte que lorsque Dom Pedro devint roi, il la vengea avec une fureur glaciale. Il fit déchirer le cœur de ses assassins et, dans un geste fou, il fit exhumer le corps d’Inês, la couronna Reine du Portugal, et contraignit les nobles à baiser sa main d’os en signe de loyauté.

Couronnement d'Înes de Castro - Pierre-Charles Comte

Puis il fit sculpter deux tombeaux magnifiques, au monastère d’Alcobaça, face à face, pour que lui et sa reine se rejoignent d’un seul regard. On raconte que l’âme d’Inês ne trouva jamais le repos.

Tombeau d'Înes de Castro

Depuis des siècles, son fantôme hanterait encore Coimbra. On dit qu’elle pleure. Qu’elle cherche ses enfants. Qu’elle chante encore, d’une voix triste comme le vent d’hiver. La légende du Fantôme d’Inês de Castro est le symbole d’un amour éternel et maudit, et d’un pouvoir injuste.


Le Monastère Maudit de Sintra 

Le récit d'un "Monastère Maudit de Sintra" n'est pas une légende unique et établie dans le folklore portugais. L'atmosphère unique et parfois mystérieuse de Sintra, ainsi que l'histoire de certains de ses édifices religieux, pourraient avoir donné lieu à des rumeurs, des histoires isolées ou des interprétations locales qui pourraient être perçues comme une forme de "malédiction" ou de présence hantée.

Perdu dans l’épaisseur brumeuse des forêts de Sintra, se cache un ancien couvent rongé par le temps : le monastère des Capuchos. On l’appelle parfois le Monastère Maudit.

Convento dos capuchos - Photo José Marques Silva

Ce lieu oublié, niché dans les plis moussus de la montagne, aurait autrefois abrité des frères en quête de silence et de pénitence. Mais dit-on que le silence fut brisé, qu’un serment fut trahi, et que depuis ce jour, l’ombre ne s’est plus retirée des lieux.

Certains affirment y avoir vu des silhouettes immobiles au détour d’un couloir de pierre, ou entendu, entre les murs couverts de lichen, des prières murmurées dans une langue que le vent seul comprend encore.

Convento dos capuchos

Il n’existe ni récit unique, ni nom gravé dans les chroniques du royaume — seulement des impressions fugitives, des frissons inexplicables, et la sensation d’un regard posé sur l’épaule.

Ce monastère sans légende précise, sans fantôme désigné, est peut-être le plus inquiétant de tous, car il laisse l’imagination libre d’inventer sa propre malédiction, au cœur du mystère vert de Sintra.


L’Île Disparue de São Brandão 

La légende de l'Île Disparue de São Brandão, connue aussi sous le nom d'Île de Saint Brendan ou Île Bienheureuse, flotte comme un mirage dans les brumes de l'imaginaire maritime.

Elle n’est ni un mythe figé ni un conte précis, mais plutôt une histoire qui a traversé les siècles, se perdant entre réalité et illusion.

On raconte qu’elle apparaissait à ceux qui osaient s’aventurer dans l'Atlantique, une île où la végétation luxuriante caressait le ciel et où les fruits se donnaient comme des promesses de paradis. Pourtant, cette île échappait toujours aux marins, disparaissant aussi soudainement qu’elle se dévoilait, noyée dans la brume ou se dérobant sous les vagues.

Présente sur des cartes anciennes, elle attira des explorateurs, des aventuriers, tous désireux de découvrir cette terre promise, mais aucun ne la trouva. Le mythe s’amplifia au fil du temps, comme une quête spirituelle et mystique, entre mirages et révélations.

São Brandão - Carte des frères Pizagni 1707

Aujourd’hui, l'Île de São Brandão ne fait plus partie des cartes maritimes, mais elle continue de naviguer dans les légendes, comme une île fantôme qui laisse derrière elle un sillage de mystère, une invite à l’imagination, et une trace indélébile dans le grand livre des rêves marins. 

Certains disent qu’il s’agissait de l’Atlantide, d’autres qu’elle apparaît seulement aux marins au cœur pur.


Le Trésor Maudit des Templiers de Tomar 

La légende du "Trésor Maudit des Templiers de Tomar" est un mystère tissé autour de l’aura d’un Ordre ancien et puissant. Si aucun récit bien précis n'évoque un trésor maudit dans les murs du Convento de Cristo, la richesse supposée des Templiers et leur présence historique à Tomar nourrissent depuis longtemps l’imaginaire populaire.

Castelo de Tomar

L’Ordre du Temple, immense et discret dans ses affaires, possédait des trésors issus de leurs conquêtes qui auraient disparu. Cette richesse restée introuvable a traversé les siècles et est une obsession pour certains.

Au Portugal, la transition de l’Ordre du Temple vers l’Ordre du Christ, un héritier plus discret, laissait entendre que des secrets et des richesses pouvaient avoir été dissimulés à Tomar. Le Convento de Cristo, avec ses pierres chargées de symboles et son architecture énigmatique, devient un terrain fertile pour les spéculations et les légendes. Et si des chercheurs de trésors n'ont jamais trouvé cette fortune cachée, les rumeurs de malédiction ont prospéré.

Convento de Cristo - Tomar

Celles-ci s’insinuent dans les esprits, et la recherche de ce trésor inconnu se transforme en quête mythique, un avertissement silencieux aux curieux : certains secrets sont mieux laissés enfouis, protégés par le voile du mystère et de l’histoire sacrée.


Le folklore portugais regorge de légendes. Certaines prennent racine dans un passé bien réel, tandis que d’autres ne sont que le fruit d’interprétations ou de l’imaginaire collectif d’un temps où la magie et le mystère semblaient plus tangibles qu’aujourd’hui.

Il n’en demeure pas moins que ces récits ont façonné l’histoire du peuple portugais et, par extension, ses coutumes et ses croyances.

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