À Póvoa de Varzim, l’histoire du pull-over remonte au 18e siècle, époque où les pêcheurs portaient des chandails confectionnés par eux-mêmes à partir de la laine locale et décorés avec des motifs simples inspirés par la Nature.
18e siècle : un pull de pêcheurs
Fabriqué en laine de Serra da Estrela, vendue en écheveaux épais et connue sous le nom de « laine de Poveira », le pull-over est exclusivement confectionné à "Azurara", petit village de moins de 1000 habitants proche de Vila do Conde. Il est ensuite brodé par les anciens de Póvoa de Varzim, trop vieux pour partir à la pêche.
Crédit photo I A Voz da Póvoa
Ses motifs s'inspirent des motifs traditionnels du Minho, visibles sur la vaisselle de Barcelos, les mouchoirs des amoureux ou encore les chemises paysannes. On y trouvait des oiseaux, des fleurs, des vases... Tout ce qui entoure le brodeur est source d'inspiration..
1892 : Condamné par une tragédie.
Le 27 février 1892, une tragédie s'effondre sur le village de Póvoa de Varzim : 105 pêcheurs perdent la vie en mer, provoquant une émotion nationale. Sur ordre de la reine Amélia l'Institut de secours aux naufragés (ISN) est fondé et le vêtement blanc traditionnel est interdit en signe de Deuil.
Ce n'est qu'en 1936, avec la création du groupe folklorique Poveiro, qu'António Santos Graça fait revivre la chemise originale de Poveira.
Aprés-Guerre : Une icône internationale
6 ans plus tard, en 1942, le film "Ala-Arriba de Leitão" est récompensé à la Mostra de Venise et contribue à le faire découvrir la "Camisola Poveira" au-delà des frontières portugaises.

Crédit I Arquivo do Museu Municipal da Póvoa de Varzim
Le pull-over brodé de Poveira séduit alors un public plus large, national et même international. De nouveaux motifs apparaissent, intégrant des éléments maritimes comme des bateaux, des ancres, des gouvernails et des poissons, enrichissant ainsi son esthétique.
En 1968, la princesse Grace de Monaco, photographiée portant un pull-over Poveira, contribue à son prestige et à sa reconnaissance dans le monde entier.

20e siècle : L'oubli puis le renouveau
Avec le temps, cependant, il perd en popularité et se retrouve peu à peu cantonné au «tourisme de nostalgie». Il est principalement acheté par les émigrants de Póvoa de Varzim. Son commerce disparait peu à peu et il ne subsiste que dans quelques boutiques touristiques locales.
Consciente de cette richesse culturelle menacée, la municipalité de Póvoa de Varzim lance alors plusieurs initiatives pour faire revivre ce patrimoine unique. Le pull-over devient un symbole local porté dans toutes les manifestations. Son originalité, son authenticité et sa qualité séduisent à nouveau.
La "camisola Poveira" se retrouve dans toutes les attractions touristiques du pays. La laine utilisée n'est plus toujours de bonne qualité, les motifs se diversifient et les contrefaçons de piètre qualité menacent l'image du pull-over.

Crédit : Voz da Póvoa
Aujourd'hui : A nouveau une icône mais protégée.
La Mairie de Póvoa de Varzim prends alors des décisions radicales et édite alors un certain nombre de normes qui exigent que la "camisola Poveira" soit confectionnée comme il y a 150 ans.
La laine ne peut provenir que de la Serra da Estrela, le pull-over doit être tricoté puis brodé à la main, les motifs rouges, blancs ou noirs doivent respecter les motifs historiques et il ne peut être fabriqué qu'à Póvoa de Varzim.

Crédit I C.M. da Póvoa de Varzim
Aujourd'hui ce ne sont que quelques artisans accrédités qui sont autorisés à confectionner l'authentique "Camisola Poveira" à conditions qu'ils respectent le cahier des charges. En échange, chaque exemplaire est livré avec un certificat d'authenticité numéroté identifiant la personne l'ayant confectionné.
Ces exigences le rendent reconnaissable entre tous. Son design, mêle simplicité du tricot uni et structure rectiligne, avec manches raglan et encolure fermée par de petites torsades. Sa décoration brodée sur la poitrine, les manches et l’encolure le rendent très lumineux sans nuire à sa simplicité.
